Corriger une scène d’action

Vous vous posez des questions sur la façon de corriger une scène d’action ? Vous êtes au bon endroit.
Moi, c’est Maxime, correcteur professionnel.
Quand je corrige un roman, je ne m’attache pas seulement à relever les fautes d’orthographe ou de grammaire, j’indique également à l’auteur/l’autrice les endroits où le texte pourrait être amélioré, rendu plus lisible, et surtout comment. Et cela inclut plusieurs éléments disparates.
Dans cet article, qui s’adresse avant tout aux auteurs et autrices en recherche de conseils et astuces pour la correction de leur manuscrit, j’aimerais vous parler plus particulièrement de comment corriger une scène d’action et en améliorer la lisibilité.
À mon sens, avant de les écrire, il faut visualiser la scène, comme si elle était filmée au cinéma. Où se trouvent les protagonistes ? Que vont-ils faire ? Dans quel but ? Quels moyens ont-ils à leur disposition ? Il faut répondre à ces questions, avoir les idées claires avant de se lancer.
Une scène d’action, quelle qu’elle soit, est une scène qui doit avoir du rythme et être immédiatement intelligible. Si dans d’autres scènes, on peut compter sur le lecteur ou la lectrice pour comprendre ce qui n’est pas explicite, ici, il n’y a aucune place pour l’implicite. Tout doit être décrit et compréhensible à l’instant.
C’est pour cette raison que ce sont des scènes souvent difficiles à écrire et à corriger. Et c’est pour cette raison que je vais vous donner quelques astuces concernant le rythme, la clarté, les répétitions et le réalisme d’une scène d’action.
C’est parti !
Dans mon propos, ma scène d’action de base se déroulera entre deux barbares de sexe masculin : Graison et Gpastort.
Mettre du rythme
Le rythme d’une scène d’action doit être rapide. On donne les mouvements de ses personnages et les impacts qu’ils ont sur les autres protagonistes et éventuellement leur environnement. Les phrases doivent être le plus court possible.

Graison frappe Gpastort. Gpastort a mal.
Or, je vois souvent ceci.
Graison frappe Gpastort avec son gourdin préféré, celui qu’il a acheté dans une petite boutique de la capitale. Gpastort a mal.
Certes, parfois, c’est utile de préciser que Graison a acheté son gourdin à tel ou tel endroit, mais ce détail peut également nuire au rythme de la scène.
Pour moi l’idéal est de sortir ce genre de précisions de la scène d’action.
Graison a saisi son gourdin préféré, celui qu’il a acheté dans une petite boutique de la capitale. Il s’avance et frappe Gpastort. Gpastort a mal.
On reste ainsi dans la scène d’action, tout en ayant la précision nécessaire sur la provenance de l’arme.
Maximiser la clarté
Rien n’est plus frustrant pour moi qu’une scène d’action qu’on ne comprend pas, parce qu’on ne sait pas qui fait quoi.
Je ne parlerai pas ici des fautes sur l’utilisation des pronoms personnels, tant sur leur choix que sur leur positionnement, mais juste de contenu.
Identifier les protagonistes
Un point-clé à mon sens est que le lecteur ou la lectrice identifie aisément les protagonistes. Quand il y en a deux, c’est assez aisé, surtout si la lectrice ou le lecteur les connaissent déjà. Il suffit alors d’utiliser leur nom.
Gpastort assène un coup à Graison, et Graison le lui rend.
Je sais qu’on dit souvent qu’il ne faut pas de répétition dans un texte, mais cette règle s’efface devant l’obligation d’être clair dans ses propos, et il n’y a aucun mal à répéter des noms de personnage si cela permet de bien comprendre une scène. Un lecteur ou une lectrice vous en voudra beaucoup moins pour une énième répétition que pour une incompréhension.

Là où cela se complique, c’est quand il y a cinq protagonistes, voire plus, et que le lecteur ou la lectrice ne connaît pas leur nom. Mon astuce est de les identifier par un signe distinctif tel que la couleur de leurs yeux, l’apparence de leurs cheveux, une cicatrice, une grande ou petite taille, etc. Ainsi, le lecteur ou la lectrice arrive aisément à se faire une idée du personnage dont on parle.
Imaginons que Graison et Gpastort déclenchent une bagarre générale.
Graison frappa Gpastort, qui alla s’écrouler contre une table, éclaboussant ses trois occupants de bière et de vin. Le trio se leva, tâché et mécontent. Le plus grand de tous attrapa Gpastort par les épaules et le balança en direction de Graison. Un gringalet aux cheveux roux sortit son poignard, tandis que le dernier, borgne, frappait ses poings l’un contre l’autre, l’air menaçant.
Il est aisé à présent de décrire les actions des protagonistes : Graison, Gpastort, le grand, le roux et le borgne. Et tant pis si vous devez répéter ces termes plusieurs fois, car il en va de la compréhension de vos lecteurs et lectrices.
Et si vous avez du mal à trouver un nom pour l’un de vos personnages, vous pouvez utiliser un générateur de noms.
Identifier les lieux
S’il n’est pas primordial de décrire les lieux quand ce sont des lieux connus de tous, comme une taverne, il est important de noter les spécificités d’un endroit pour que le lecteur, ou la lectrice, ne se sente pas lésé lors de sa lecture.

Je vous explique.
Devant la foule qui les menaçait, Graison et Gpastort décidèrent de quitter l’auberge au plus vite, et pour cela, ils empruntèrent le toboggan qui menait à l’extérieur.
Hein ? Quoi ? Il y avait un toboggan ?
Bon, d’accord, je pousse un peu avec mon toboggan, mais vous voyez ce que je veux dire ? Il vaut mieux mettre en place les éléments importants du lieu où va se dérouler l’action si ces éléments gênent ou aident vos héros durant l’action.
Graison et Gpastort buvaient un verre dans la fameuse taverne en hauteur où ils avaient coutume de se rendre et dont les videurs les avaient fait sortir à de multiples reprises par un toboggan mis en place par le tavernier qui en avait assez des bagarres. Ils sirotaient tranquillement leur bière, quand un bougre vint leur chercher des noises. Bientôt, c’est toute la taverne qui se liguait contre eux. Devant la foule qui les menaçait, Graison et Gpastort décidèrent de quitter l’auberge au plus vite, et pour cela, ils empruntèrent le toboggan qui menait à l’extérieur.
Éviter les répétitions
Je sais… Je viens de dire qu’il ne fallait pas hésiter à utiliser des répétitions, mais je parlais de prénoms ou plus généralement de la manière d’identifier les protagonistes d’une scène. Par contre, il faut éviter de répéter à l’envi les mêmes termes d’action. La langue française est assez riche pour trouver quelques variations possibles.
Graison frappa Gpastort de son gourdin, et Gpastort le frappa à son tour. Graison recula sous l’attaque, fit un pas en avant, et frappa Gpastort au mollet. Gpastort, lui, le frappa à l’abdomen.
Bon, d’accord, j’exagère, mais vous voyez que même si les protagonistes sont bien identifiés et qu’il y a du rythme dans cette scène, l’utilisation à outrance du verbe « frapper » empêche la scène d’avoir le moindre intérêt. Si on y met un peu de diversité, par contre.
Graison assena un coup de gourdin à Gpastort, qui répliqua par un uppercut puissant. Graison recula sous l’attaque, mais se reprit aussitôt, et balança son arme dans le mollet de l’autre. Gpastort grimaça, mais tint bon, et flanqua un coup de poing dans l’abdomen de son adversaire.
Ne pas oublier le réalisme
Vous avez vu ? J’ai un peu triché dans la dernière scène d’action, pour la rendre un peu plus palpitante. En plus des mouvements, j’ai ajouté les ressentis des personnages et l’impact des coups sur eux. Lors de mes corrections, je vois souvent des scènes d’action où quoi qu’il arrive au personnage principal, cela n’altère en rien ses capacités. C’est vrai que dans les blockbusters on voit souvent des héros, le corps en sang, continuant d’avancer comme si de rien n’était, mais cela renvoie un côté peu réaliste. Je vous conseille, au contraire, de faire connaître les sensations de vos personnages au cours de la scène d’action, mais attention, sans casser le rythme de la scène.

Graison assena un coup de gourdin à Gpastort, qui grimaça sous l’impact. Il avait déjà reçu un tel coup sur le crâne à la bataille contre les nains géants de Forklose et il avait eu des élancements dans le crâne pendant des jours. Il répliqua néanmoins par un uppercut puissant.
L’état d’âme de Gpastort ici est assez clair, mais il casse le rythme de la scène d’action. Et il n’est pas réaliste. Quand on se bat, on ne pense pas à ce genre de choses.
Graison assena un coup de gourdin à Gpastort, qui grimaça sous l’impact, secoua la tête pour reprendre ses esprits, et répliqua par un uppercut puissant.
Cette version conserve le rythme de la scène. Il sera toujours temps, plus tard, d’expliquer que le coup reçu par Gpastort lui a vrillé le crâne, dans un éventuel dialogue entre les deux protagonistes, par exemple.
Vous savez corriger les scènes d’action de votre roman
Vous savez tout sur la manière d’analyser, d’écrire et de corriger vos scènes d’action ! Enfin, presque tout.
J’espère que cet article aura pu vous être utile. Et si des interrogations persistent ou si vous avez vous-même des astuces concernant l’écriture et la correction de scènes d’action, partagez-les en commentaire.
Et si vous avez du mal à avoir du recul sur votre texte ou avez besoin d’aide pour corriger votre manuscrit, tournez-vous vers un correcteur professionnel.
Pour ma part, je suis joignable au travers de ma page contact ou tout simplement en m’écrivant à ciseleurprose chez gmail.