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Boulot ou bouleau

Bonjour. En cette semaine un peu particulière de grève, il était normal de parler boulot… à ne pas confondre avec bouleau. Car oui, si ces deux mots se prononcent de la même manière, ils n’ont pas la même orthographe et pour cause, ils ne veulent pas dire la même chose.

Si boulot avec un « ot » final désigne de manière argotique du travail, bouleau avec un « eau » final désigne un arbre.

Couper un bouleau, c’est du boulot. Et, vous verrez que cette phrase n’est pas si anodine que ça.

Une hache sur des bûches de bois
La coupe du bouleau, un sacré boulot !

Le terme « boulot » est assez récent. La première trace que j’en ai trouvé dans un dictionnaire est de 1894, dans Le Dictionnaire d’argot fin-de-siècle de Charles Virmaître. À l’époque, il s’écrivait encore « bouleau » et il est décrit ainsi :

Ce mot a pris naissance chez les sculpteurs sur bois, parce que tout morceau de bois à travailler est un bouleau. Cette expression s’est étendue à tous les corps de métier qui disent : 

“Je cherche du bouleau”.

Effectivement, le bouleau est un bois difficile à travailler et donc, couper du bouleau c’est du boulot. Et ne dit-on pas « abattre du bouleau » et « abattre du travail » ?

Un magnifique bouleau
Un magnifique bouleau

Ce pourrait être une explication à l’apparition du terme « boulot » pour désigner le travail, mais ni l’Académie française ni l’Atilf ne vont en ce sens. Pour eux, un terme utilisé par les sculpteurs, les travailleurs du bois, aurait difficilement pu se propager à l’ensemble de la population. Le mot viendrait plutôt du terme bouleau du XIXe siècle qui signifiait « action, bagarre ». Par contre, cela n’explique en rien le rapport avec le travail.

Il reste une troisième possibilité. Boulot proviendrait du verbe boulotter qui a alors le sens de dépenser, mais également de manger en argot populaire. Et il se trouve qu’un pain de l’époque porte le nom de « boulot » parce que tout simplement il a une forme de boule. De là à imaginer que ce nom de pain serait à l’origine du terme « boulot » dans le sens de travailler, il n’y a qu’un pas, car en effet, pour manger du pain, du boulot, il faut avoir de l’argent, et donc du boulot, n’est-ce pas ?

Et si vous voulez en savoir encore davantage, je vous invite à lire l’article de Claude Duneton sur ce sujet dans le Figaro, qui m’a bien aidé dans mes recherches.

Pour bouleau, c’est plus simple, quoi que. C’est un diminutif de l’ancien français boul, qui vient lui-même, et c’est là que ça se corse un peu, soit du latin betulla, qui vient lui-même du gaulois betua, soit du mot gaulois betùlla, théorie défendue par M. Arbois de Jubainville dans sa Revue Celtique.

Eh bien, trouvez l’étymologie de ces deux termes, ce fut un sacré boulot !

Pour boulotter, c’est-à-dire manger, il faut du boulot.

Quand au bouleau, pour vivre, il lui faut de l’eau.

Voilà. À présent, vous n’avez plus d’excuse.

Un pain tout rond : un boulot

Et si vous avez une astuce pour retenir comment s’écrivent ces deux mots, n’hésitez pas à la donner en commentaire.

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